De la culture de l’héritage Normand pour nos confinés (2) 3- Madame Bovary, de Delphine à Emma

De la culture de l’héritage Normand pour nos confinés (2)   3- Madame Bovary, de Delphine à Emma

Comment un fait divers peut-il devenir un best-seller?

Gustave Flaubert en écrivant Madame Bovary et le bovarysme a su avec génie en un tour de plume transformer un banal suicide en un roman romantique.

 

 

 

« Ce qu’elle avait de beau, c’étaient ses yeux, quoiqu’ils fussent bruns, ils semblaient noirs et son regard arrivait franchement à vous avec hardiesse. » Flaubert.

Dans vos bibliothèques parmi les classiques, il y a certainement Madame Bovary, l’histoire de cette Emma aux mille visages. Retour aux origines de l’inspiration romanesque.

« Pourquoi n’écrirais-tu pas l’histoire Delamare ? » demande un ami à Flaubert. S’inspirer d’un fait divers… L’écrivain n’est pas chaud, il mise plutôt pour écrire sur son génie et son imagination. L’histoire donne cependant matière à un beau roman de mœurs : Delphine Couturier, l’épouse d’un officier de santé Eugène Delamare, ancien élève de son père s’est suicidée au cyanure. De troublantes similitudes existent entre Emma Bovary et la belle Delphine… En s’appropriant l’existence et le drame de cette femme de 27 ans, Flaubert en fait un mythe. Le bovarysme est né.

Être une femme au XIXème , c’est suivre une destinée toute tracée, souvent banale. De retour de pension, la tête pleine des romans de Walter Scott, Delphine rêve du grand amour. La demoiselle est jolie et bien dotée. Elle a soif de notoriété et veut fuir la ferme paternelle. Quand Eugène Delamare parait, elle dit oui à l’officier de Santé. Les désillusions viendront vite. Eugène comme Charles Bovary est gentil mais sans ambition. Delphine comme Emma s’ennuie et promène sa langueur romantique dans le village normand de Ry, où derrière les rideaux on l’espionne et commente son comportement singulier.

Au XIXème, il est de bon ton de devenir neurasthénique ou tuberculeux lorsqu’on est las de l’existence. En femme moderne, Delphine prend des amants sans se soucier des ragots. Louis Campion, un beau parleur, narcisse un clerc de notaire prennent vite la poudre d’escampette, effrayé par ce caractère enflammé. Déçue, Delphine préfère mourir.

« Tout ce qu’on invente est vrai » écrit Flaubert dans une correspondance à sa maîtresse. Un demi aveu sur l’inspiration du roman Bovary ? Certes, l’écrivain a brouillé les cartes, autres noms, autres lieux… Mais l’énigme reste… Quand le roman sort en 1856, en Normandie, l’association entre Emma et Delphine est vite faite! Delphine a été la muse de Flaubert. Un coup de plume magnifique, un roman très XIXème : ses lecteurs ne peuvent que sourire en lisant cette phrase de Flaubert, « Aucun modèle n’a posé pour moi, Madame Bovary est une pure invention ! ».

Agathe Poirot-Bourdain

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Portrait de Pauline Ono, 1843 – 1844 – Jean-François Millet -

 

image d’entête : Ingres / Emma Bovary

 


 

 

 

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