Epidémies, pandémies, contagion… A toutes les époques, dans toutes les sociétés, des solutions ont dû être mises en place pour limiter la propagation d’une maladie. Dans la civilisation médiévale, la lèpre est LA maladie redoutée.
Au XIIème siècle, au Petit Quevilly, dans la banlieue de Rouen un concept sanitaire est proposé par Henri II Plantagenêt, puis Richard Cœur de Lion, la salle aux Puelles, un lieu accueillant les femmes malades.
L’aule Puellarum, salle aux puelles ou salle des vierges est au Moyen Age l’unique maladrerie de Rouen réservée aux femmes. Dotée par les ducs de Normandie, sa fondation est largement inspirée des maisons anglaises où les malades embrasent vie monastique et maladie. Une institution aux règles claustrales au cœur de laquelle spiritualité, charité et assistance sont de mises.
Jusqu’à l’annexion de la Normandie par Philippe Auguste, la salle aux puelles est richement dotée mais n’offre pas à ses hôtes une vie facile. Si quelques servantes sont autorisées au XIIIème siècle, l’ordinaire est frugal : du pain en suffisance, un pot de cervoise, un peu de vin et de la viande trois fois par semaine. Cure des âmes et cure des corps vont de pair dans la mentalité médiévale. Avoir la lèpre est une mort civile et sociétale. Les malades portent le rossetum, une capote uniforme roux brun chemises et draps de lin.
Un souci d’ordre et de bonnes moeurs règne dans ce lieu singulier qui se veut lieu de conversion, de pauvreté et d’expiation. Peu de soins corporels ou médicaux hormis les saignées à l’aule puellarum. A l’heure du christianisme roman et gothique, l’enfermement des corps, leur purification est l’unique réponse à la maladie contagieuse.
Agathe Poirot-Bourdain
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