Tiens, tiens, des Normands…en Sicile ?
Drôle d’idée d’associer les descendants des vikings aux bruns ténébreux du Sud de l’Italie. Et pourtant sous le soleil méditerranéen tutto è possibile ! Entre 1020 et 1120, des chevaliers normands ont tenté une aventure fabuleuse, celle de la conquête de la Sicile. De la Normandie à Palerme, il n’y a qu’un pas.
Tout commence comme dans un film. Il y a le soleil torride, des cavaliers, le bleu du ciel, la poussière d’une terre sèche. A l’horizon, la cité de Salerne. Et tout à coup les Sarrazins qui surgissent voulant prendre un tribut. Les cavaliers sont chevaliers, normands de surcroit, leur sang ne fait qu’un tour. Ils se lancent dans le combat pour défendre la veuve et l’orphelin et écraser les attaquants. De somptueux cadeaux leur sont offerts en remerciement ainsi qu’une promesse encore plus alléchante : le prince de Salerne invite à combattre sous sa bannière tous les chevaliers du duché de Normandie qui voudraient le servir comme mercenaires.
Au XIème siècle, la Sicile est constituée de plusieurs fiefs sous domination chrétienne, byzantine et arabe. Seigneurs de Lombardie, de Capoue, de Spolète ou de Salerne règnent en roitelets mais n’ont qu’un pouvoir limité et surtout aucune force militaire. Colonisée par les Phéniciens, les Grecs, les Romains, les Arabes et Byzance, l’île est alors un espace complétement hétéroclite culturellement, linguistiquement et ethniquement. Pour nos chevaliers normands, la plupart sans le sou, cet Eldorado à prendre est une aubaine. En un siècle, ils seront plus de 35000 à débarquer pour rechercher l’aventure, la fortune et la gloire.
Rome ne s’est pas faite en un jour, la conquête sicilienne non plus ! Réputés pour leur courage et leur technique au combat, les chevaliers normands ne savent plus où donner de la tête : ils sont sollicités partout. Leur implantation se fait vite, ils servent tour à tour Byzance, les Lombards et deviennent maîtres d’Aversa ; un point de départ pour la prodigieuse extension de leur puissance entre 1061 et 1091. Les batailles s’enchaînent. En janvier 1072, Roger de Hauteville est vainqueur à Palerme. En 1091, toute la Sicile est conquise ainsi que l’île de Malte. C’est la fin de la domination des émirs arabes : commence alors l’âge d’or sicilien, une nouvelle civilisation.
En 1127, le rejeton de Roger de Hauteville, Roger II devient roi de la Sicile. Seigneur de guerre, Roger devient prince de la paix et met en place une politique habile et très personnelle. « L’originalité de la civilisation normande c’est le refus de faire table rase du passé, l’acharnement à adapter dans le respect des particularismes. ». Au XIIème siècle, il fallait y penser ! Souverain éclairé, Roger II adopte toutes les coutumes locales, intégrant au royaume Juifs, Chrétiens, Musulmans et Orthodoxes. Un pouvoir tolérant, sans oppression. Ces différentes cultures s’enrichissent mutuellement et affranchissent la Sicile des codes artistiques médiévaux. Ici se combinent l’érudition franque, celte, byzantine et arabe, ici la richesse architecturale influencée par ce métissage culturel est grandiose : le château-neuf de Palerme, forteresse occidentale, est à l’intérieur un palais oriental avec patios et jardins splendides. Les chapelles s’ornent de mosaïques, les basiliques sont couronnées de coupoles. « le paradis terrestre s’ouvre à tes yeux. Ici règne un roi sage qui aspire à la gloire. » (Inscription Khoufique du XII à Palerme.)
Entre histoire et légende, le royaume de Sicile reste cependant fragile et éphémère. A l’aube du XIIIème, à la suite de troubles et de rivalités, il ne reste plus que les trésors artistiques, témoins de cette fabuleuse aventure, entrepris par des cadets normands avides de gloire et de fortune.
Agathe Poirot-Bourdain
L’histoire normande en Italie méridionale (continentale) commence vers l’aube de l’an mille, s’amplifiant dès 1030. La Sicile est progressivement conquise entre 1060 et 1091 par Robert Guiscard (le rusé) et son frère Roger. Le dernier roi d’origine normande, Guillaume II mourant en 1189 sans enfant légitime, l’empereur germanique Henri VI (prétendant par le biais de son mariage) montera en 1194 sur le trône sicilien, mettant un terme à la période normande du royaume (s’étendant sur la partie continentale de l’Italie méridionale et insulaire de l’actuelle Sicile).
La mémoire est revenue aux Normands de cette épopée, un peu masquée par la conquête de l’Angleterre. Mais Elle reste vivace encore chez les Siciliens qui en gardent le souvenir d’un âge rayonnant. Au pied du Palais des Normands vous pourrez vous restaurer dans une petite auberge « ai Normanni ».
François
- http://normandiesicile.free.fr/histoire.htm
- et https://fr.wikipedia.org/wiki/Conqu%C3%AAte_normande_de_l%27Italie_du_Sud
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