Un ouvrage, qui préparera à mieux appréhender le conflit de la Première Guerre mondiale et les cérémonies ou évènement qui ont déjà commencé avec l’exposition tenue cet été au Centre Beaubourg de Metz sur l’année 1917 et qui vont s’égrainer jusqu’en 2018.
Cet ouvrage propose un récit qui trouve sa source dans le contenu d’un journal intime d’une fille qui a 14 ans à l’été 1914. D’un milieu aisé, car fille d’un chirurgien à l’Hôpital-Dieu de Paris, l’héroïne passe ses vacances régulièrement à Houlgate où la famille possède une maison. Toutefois avec l’approche des armées allemandes de Paris, c’est quasiment le dernier semestre de l’année 1914 où elle va résider près de cette cité balnéaire du Calvados proche de Cabourg.
Des informations nous sont fournies sur la transformation de certains bâtiments de Houlgate en hôpital (le casino et le Grand Hôtel) et la dimension normande du récit pointe aussi par exemple par le fait que Jacques (frère d’Alphonsine, la nourrice de l’héroïne) fermier à Auberville avant le déclenchement du conflit est incorporé au 36e RI de Caen (il meurt début avril 1915) ou que Germaine, la sœur de lait de Geneviève, va se faire embaucher à l’usine de munitions de Dives-sur-Mer.
La campagne normande n’est pas oubliée : « Quand nous sommes repartis, papa et moi, j’ai regardé en arrière le plus longtemps possible et, lorsque la Renault a tourné au coin de la route et que j’ai cessé de voir la maison d’Alphonsine, avec son toit de chaume bien entretenu, je me suis sentie triste, brutalement. Je ne sais pas ce qui m’a pris. J’avais du mal à respirer. C’était comme si je venais de quitter pour toujours ces deux femmes, ce champ de pommiers, cette maison où je n’ai que d’heureux souvenirs. Papa s’est aperçu de mon malaise ».
Ce titre permet de comparer la situation contrastée entre un Paris souffrant ponctuellement de bombardements et une Normandie loin du front accueillant de nombreux blessés, des indications cortes mais précises sur les évènements internationaux (mort du Tzar ou entrée en guerre des USA) parsèment le récit sans l’alourdir. Incontestablement ce livre, qui appartient à une collection où les héroïnes sont célèbres ou fréquentent des personnages historiques, séduira des adolescentes qui seraient rentrés difficilement dans un ouvrage d’histoire sur cette période ou un roman dont le héros aurait été un poilu.
Infirmière pendant la Première Guerre mondiale : journal de Geneviève Darfeuil, Houlgate-Paris 1914-1918 de Sophie Humann.
Gallimard jeunesse, 2012. 158 pages. À partir de dix ans et jusqu’à seize ans.
Merci à Alain Chiron de nous avoir confié cette critique originale