Pour votre curiosité nous vous proposons un recueil de points de vue sur le drapeau et le blason:
(pour voir les applications: utilisation dans les logos, en décoration, les léopards, modernisés, des photos des drapeaux sur les bâtiments, etc…: aller sur http://leopardsnormands.over-blog.com/)
Auteur : Jean-Marie Levesque – jmlevesque@ville-caen.fr
Le léopard héraldique est souvent confondu avec le lion dans la mesure où il est représenté comme lui avec une crinière et sans aucune caractéristique de pelage tacheté.
En fait le léopard héraldique se distingue du lion en ce qu’il est représenté « passant », c’est-à-dire marchant sur trois pattes, la quatrième dressée, corps de profil et tête de face, et queue redressée vers l’extérieur (et non retombant sur le dos, comme pour le lion). Le léopard peut être « lioné », ou « rampant » (la position héraldique du lion), s’il est dressé sur ses pattes arrières. Il ne se distingue plus alors que par la queue et le tête.
Ceci dit, le léopard est dans le bestiaire médiéval un cousin du lion. « Léo-pard », soit batard du lion (leo) et du « pard », la panthère. Animal maléfique puisque batard.Henri II Palntagenêt aurait choisi ce blason en défi au pape après son excommunication pour le meurtre de Thomas Becket ???
Car en fait les léopards de Normandie sont anglais. Anglo-angevins plus précisément, et normands par alliance.
Ils sont dérivés du plus ancien blason connu de la famille comtale angevine : les Plantagenêts, celui de Geoffroy, père d’Henri, dont on peut admirer la plate-tombe en émail, dite pour cela « l’émail Plantagenêt » au Musée du Mans.
Sur l’émail Plantagenêt les figures sont disposées en semis (en nombre non fixé) sur champ d’azur, comme c’est le cas pour beaucoup de blasons au début de la période héraldique (il n’y a pas d’armoiries au sens strict avant le XIIe s.). Les lys de France sont ainsi en semis avant d’être au nombre de trois en hommage à la Sainte Trinité.
Les léopards Plantagenêts ont suivi la même évolution. On parle parfois de trois léopards pour les trois fils d’Henri, Henri le Jeune, Richard et Jean. Mais Henri II a eu d’autres fils.
L’azur (bleu) et le gueule (rouge) sont quand à elles des couleurs communes dans les grandes familles d’Europe. Henri II préférera donc le rouge au bleu.
Il n’y a pas de rapport entre le surnom de Richard et les léopards du blason. Les contemporains ne pouvaient faire la confusion.
Les armoiries des Plantagenêts passent donc dans le blason royal d’Angleterre. Par la suite les souverains anglais y ajoutent les lys de France (qu’ils gardent toujours) en rappel de leur revendication du trône de France, cause de la guerre de Cent Ans. En réponse et par défi, Charles V prendra les léopards plantagenêts, réduits au nombre de deux, pour blason de la Normandie, théâtre important des chevauchées anglaises et françaises et province donnée en apanage aux héritiers de France – Charles V fut duc de Normandie, comme son père Jean le Bon.
On ne peut donc pas parler des deux léopards d’or sur champ de gueule comme blason de la Normandie avant le couronnement de Charles en 1365. Rien à voir, faut-il le préciser, avec Guillaume le Conquérant.
Les Armoiries
représentant les léopards flottent dans toute la Normandie. Pavoiser normand, chose rare il y a encore vingt ans, devient une évidence et une habitude.
http://www.harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=8454&no_artiste=5768
Docteur Jean-Marie Thiébaud
Fondateur du Conseil Français d’Héraldique – 25 mars 2008
Dans l’univers des armoiries, ce ne sont pas les léopards normands qui sont allés en Angleterre mais les léopards anglais qui sont venus en Normandie et ces mêmes léopards ne sont jamais passés de deux à trois mais, au contraire, de trois à deux.
Lors de la conquête de l’Angleterre en 1066 par Guillaume de Normandie, celui-ci ne possédait pas d’armoiries et pour cause : l’héraldique n’avait pas encore fait son apparition.
Richard, Cœur de Lion, portait « de gueules à deux lions rampants affrontés d’or ». À son retour de captivité en 1195, il transforma ces deux lions rampants en trois léopards passants, l’un sur l’autre, que conservèrent ses successeurs, de son frère Jean sans Terre à Édouard III, de 1198 à 1340.
La Normandie fut un duché indépendant du royaume de France de 911 à 1204. Lorsque Philippe Auguste confisqua les biens de Jean sans Terre en vertu du droit de retrait féodal en 1204, les Anglais conservèrent les îles anglo-normandes et, en 1279, Édouard 1er accorda au bailliage de ces îles un sceau avec les trois léopards qu’on retrouve encore de nos jours sur le drapeau de l’île de Jersey.
La Normandie continentale a donc été annexée au royaume de France. En septembre 1465, Louis XI nomma son frère Charles duc de Normandie et celui-ci, au lieu d’ajouter une brisure aux armes de France (les fleurs de lis), préféra reprendre les léopards des Plantagenets mais en réduisant leur nombre de trois à deux.
Précisons enfin que le terme « léopard » n’existe pas dans l’héraldique anglaise. Les animaux que les Français qualifient de léopards en héraldique sont dits « lions passants gardants (regardants) » dans le vocabulaire anglais du blason ce qui est plus logique puisque les léopards ne sont pas ceux de la faune mais des lions dont la tête n’est plus vue de profil, mais de face, les yeux de l’animal regardant le lecteur de l’écu.
Mais ne chipotons pas, les deux fauves sont cousins dans le bestiaire médiéval : léo = lion, pard = panthère. L’addition donne un animal bâtard, et donc maléfique…
La polémique fait rage autour des comptoirs : combien de léopards le drapeau normand doit-il afficher de nos jours ?
Les 3 léopards d’or apparaîssent clairement sur le blason de Richard Cœur-de-Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre, en 1198. Ses successeurs, Jean Sans-Terre et Henri II les conservent. En 1204, Philippe II rattache la Normandie à la couronne de France sans y nommer de duc. Du coup, le blason à 3 léopards ne subsiste que dans les Iles (Jersey et Guernesey) où Edouard Ier demeure duc. Donc, c’est clair, plus de léopards en Normandie.
Pendant la guerre de 100 ans, le duc de Bedford, occupant de la Normandie, accorde à l’Université de Caen un écu à 2 léopards. En 1469, Louis XI fera détruire violemment cet écu offert par l’envahisseur, non mais !…
Aujourd’hui, le drapeau normand comporte officiellement 2 léopards. Hum… Il faudra sans doute régler le différend entre les partisans du 2 et ceux du 3 par une bonne partie de choule à la crosse…
http://passionsdeserge.over-blog.com/article-1574556.html
Le léopard héraldique est souvent confondu avec le lion dans la mesure où il est représenté comme lui avec une crinière et sans aucune caractéristique de pelage tacheté.
En fait le léopard héraldique se distingue du lion en ce qu’il est représenté « passant », c’est-à-dire marchant sur trois pattes, la quatrième dressée, corps de profil et tête de face, et queue redressée vers l’extérieur (et non retombant sur le dos, comme pour le lion). Le léopard peut être « lioné », ou « rampant » (la position héraldique du lion), s’il est dressé sur ses pattes arrières. Il ne se distingue plus alors que par la queue et la tête. (le léopard est dans le bestiaire médiéval un cousin du lion. « Léo-pard », soit batard du lion (leo) et du « pard », la panthère).
C’est le drapeau rouge à deux léopards jaunes (surnommé en normand les p’tits cats), que hissent la plupart des entreprises, mairies et autres collectivités territoriales normandes, dont les deux conseils régionaux. Il est très majoritairement reconnu comme emblème de la Normandie depuis longtemps et se voit partout. Sa popularité et son importante diffusion sur tout support tient à ce qu’il est identique aux armoiries de la Normandie continentale, blasonné « de gueules à deux léopards d’or »
La guerre de cent ans s’est déroulée de 1337 à 1453, et notre Duché sous domination anglaise a vu sa structure modifiée. Le Duc de Bedford, oncle du Roi d’Angleterre, Henri VI, et régent du Royaume a fixé pour l’Echiquier de Normandie des Armes » à deux Léopards surmontés d’une fleur de lys « . L’Université de Caen, fondée par ce Duc de Bedford, reçoit un sceau « à deux Léopards » en 1436.
à une personne (Xème-XIème siècles) puis devient héréditaire. L’étendard des premiers ducs normands (Xème-XIème siècles) est tout de rouge ou encore rouge orné d’un dragon. Puis le léopard, symbole de force et de puissance apparaît progressivement.
à son frère et successeur Jean-Sans-Terre. Les trois léopards d’or sont donc, définitivement fixés, l’étendard du duché de Normandie.
fleur de lys : Henry VI est alors roi d’Angleterre et roi de France. Il fonde en 1432 l’Université de Caen dont le sceau porte deux léopards. En 1450, la Normandie redevient française. Enfin, de 1465 à 1469 Charles, frère du roi de France Louis XI reçoit le duché de Normandie : il ne porte que deux léopards d’or. Le duché aux deux léopards n’est plus qu’un instrument politique aux mains des rois ! L’anneau ducal est définitivement Brisé en 1469.
Les Léopards de Normandie
par Marcel Lelégard
L’une des hontes de ma vie dont je traînerai le remords jusqu’à mon trépas, sera d’avoir recouvert le catafalque de Louis Beuve d’un grand drap rouge à deux léopards d’or, dans la cathédrale de Coutances, le 12 août 1949, pour le service trentain que la Normandie lui célébra.
Georges Lernesle, puis Albert Desile me dirent chacun à leur tour: « Ch’est troués qu’il en faut! » Si je cite cet épisode, c’est pour témoigner que je suis sans préjugés.
Je voyais ces mêmes armoiries ornant les cartouches de nombreuses cartes géographiques anciennes des XVIIe et XVIIIe siècles de la « province», ou « gouvernement de Normandie ».
Par ailleurs, j’avais fait la connaissance du marquis Louis de Saint-Pierre, qui avait sur cette question des idées péremptoires, qu’il exposait doctoralement: les « armes primitives de la Normandie sont à deux léopards, car les armes les plus simples sont les plus anciennes. Celles qui comportent un léopard de plus portent la marque d’une « brisure », c’est celles que nous avons attribuées à l’Angleterre, notre conquête ».
Cette belle théorie, transposant imaginairernent au XIIe siècle des règles qui ne se feraient jour que beaucoup plus tard, ne reposait en fait sur
rien du tout. Elle était totalement erronée.
Quiconque veut suivre de façon impartiale et scientifique l’histoire de ce blason doit se reporter aux documents sigillographiques irréfutables.
La plus ancienne figuration de l’écu (rouge) à léopards (d’or) apparaît sur le sceau équestre de Richard Cœur-de-Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre, appendu à une charte datée du 18 mai 1198. Et les léopards y sont bel et bien au nombre de trois. Ce blason et ce sceau avaient été adoptés par Richard Cœur-de-Lion après sa captivité au retour de la croisade, car auparavant il portait semble-t-il des lions
affrontés, plus ou moins inspirés peut-être, des lionceaux qu’avait portés Geoffroy Plantagenêt son grand-père.
On ignore quelles armes avaient été celles de Henri II, car l’écu, à cette époque des origines de l’héraldique, était encore purement personnel, non héréditaire. C’est au tournant du XIIe au XIIIe siècle qu’on le voit devenir transmissible. À la mort de Richard Cœur-de-Lion, en 1199, son frère et successeur Jean Sans-Terre le garde sans modification, et le fils de celui-ci, Henri III, le conservera tel quel en recueillant sa succession en 1216.
Toutefois, il faut bien noter que les armes sont celles du prince et non celles de la terre, duché, ou royaume. La Normandie à proprement parler n’a jamais eù d’armes. Ce sont ses ducs qui en avaient, et encore, seulement à partir de la fin du XIl’ siècle ainsi Guillaume le Conquérant ne les a jamais connues.
Lorsque Philippe Il Auguste rattache la Normandie à la couronne de France en 1204, il ne lui donne pas un nouveau duc.
Ce n’est qu’en 1339 que Philippe de Valois, roi de France, désigne son fils Jean comme duc de Normandie. Quel blason va porter le prince ? Tout simplement les armes de France: d’azur semé de fleurs de lys d’or, avec une bordure rouge pour « brisure» afin d’éviter la confusion avec les armes du roi son père, et lorsque ce même Jean, devenu roi, (jean le Bon) désignera pour duc de Normandie son fils le Dauphin Charles, quel blason portera celui-ci ? Un écartelé aux 1er et 4ème quartiers de France, et aux 2ème et 3ème quartiers: des dauphins de Viennois ; dans tout cela point de léopards : Les armes sont celles du prince, issu de la Maison de France. Les léopards n’étaient point totalement oubliés. Cependant en 1279, Édouard Ie qui est toujours duc de Normandie dans les îles de Jersey et Guernesey (la Normandie insulaire) concède au bailliage des îles un sceau à trois léopards, puis en 1304, chaque Ile devient un bailliage indépendant avec son sceau particulier, chacun à trois léopards. Quand verra-t-on apparaître des blasons à deux léopards seulement ?
Ce ne sera pas avant 1426, et c’est le roi d’Angleterre Henri VI ou plus exactement son oncle le duc de Bedford, régent du Royaume, qui, à cette date, fixe pour l’Échiquier de Normandie un écu à deux léopards surmonté d’une fleur de lys, puis en 1432 on voit apparaître pour le sceau du conseil du roi séant à Rouen un écu à deux léopards sur un semis à fleurs de lys.
C’est de 1432 à 1436 que le duc de Bedford fonde les diverses facultés qui constituent l’Université de Caen. Il leur accorde un sceau à deux
léopards. Après la guerre de Cent Ans, lorsque le prince Charles de France, en rébellion contre son frère le roi Louis XI, à la tête de la Ligue du Bien Public, force la main du roi au traité de Romorantin (1465) et l’oblige à le reconnaître duc de Normandie, il n’adopte pas pour blason des armes dérivées de l’écu de France, mais il prend purement et simplement celles de l’Université de Caen : de gueules à deux léopards d’or.
Hélas son duché va être bien éphémère: Louis XI l’oblige à y renoncer en 1469 et le 9 novembre de cette même année, il fait briser l’anneau ducal à coups de marteau sur une enclume en pleine séance de l’Échiquier.
En résumé et de façon claire et précise, la France n’a pas de blason: seules les maisons qui ont régné sur elle avaient des armoiries. Les Capétiens portaient d’azur semé de fleurs de lys d’or, les Valois et les Bourbons ont porté d’azur à trois fleurs de lys d’or, Napoléon 1e et Napoléon III d’azur à l’aigle d’or empiétant un foudre.
De même, la Normandie n’a pas, personnellement, d’armoiries. Elle a porté les armes de ses ducs. Les plus anciennes et les plus vénérables, portées dès la fin du XlIIe siècle sont de gueules (c’est-à-dire rouges) à trois léopards d’or. Le blason à deux léopards d’or est celui de l’Université de Caen fondée par le duc de Bedford, ces armes ont été portées également par Charles de
France, éphémère duc de Normandie théoriquement pendant quatre ans, mais dont le « règne» sans gloire ne dura effectivement que trois mois.
Si les Normands veulent adopter pour la Normandie un blason et un étendard, on comprendra qu’ils prennent ceux de Richard Cœur-de-Lion, plutôt que ceux du minable Charles de France, qui, dans sa rébellion contre le roi de France son frère, avait adopté les armes proposées par l’occupant vers la fin de la guerre de Cent Ans.
Les « léo-pards » de Normandie seraient donc « angevins », voire « anglo-angevins » et « normands par alliance », ces armes ne furent donc jamais celles de Guillaume.
Le blason normand est alors à trois « léo-pards » avant 1356, l’intronisation en Normandie de Charles V, et à 2 « léo-pards » après.
Sur le chapiteau d’une des colonnes qui forment le pourtour du sanctuaire de l’abbaye de Sainte-Trinité de Caen, et qui date du temps même de sa dédicace, en 1066, on voit deux lions supportant sur leur tête un cadre qui entoure le buste d’une femme…, qui sûrement représente la reine Mathilde, fondatrice de ce monastère. En l’année 1129 le roi Henri 1er », élevant, à Rouen, Geoffroy d’Anjou, son futur gendre, à la dignité de chevalier, lui donne, suivant l’usage, tout le costume nécessaire pour cette cérémonie, et, surtout, un riche bouclier chargé de lions d’or *. * Recueil des Hist. de France, vol. 12 , p. S2.
Ainsi, les lions furent un emblème très anciennement adopté par les princes normands, transmis par eux aux comtes d’Anjou, et par ces derniers, aux rois d’Angleterre ‘. » Recherches sur la tapisserie de Bayeux
Avec quel empressement la province ne dût-elle pas encore relever ses armoiries, en 1465, lorsqu’elle forçait Louis XI de lui donner pour duc le prince Charles, son frère !
l’avantage de ce livre c’est que les blasons sont répertoriés en fonction de leur dessins et symboles, ainsi donne t-il la liste des blasons contenant un léopard, deux léopards et trois et plus. avec le nom des famille la lecture du blason et l’origine. (pages 475 à 480).
Je parle des léopards de Normandie. L’un des plus grand regret de l’abbé Marcel Lelégard c’est d’avoir recouvert le catafalque de Louis Beuve d’un drap rouge à deux léopards d’or dans la cathédrale de Coutances le 12 août 1949 pour le service trentain que la Normandie lui célébra. Marcel Lelégard explique que la plus ancienne figuration de l’écu rouge à léopards d’or apparaît sur le sceau équestre de Richard Coeur-de-Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre dans une charte du 18 mai 1198 (Château fort de Pirou, Orep Edition, 2008). Les léopards y sont bien au nombre de trois. C’est à son retour de croisade que Richard Coeur-de-Lion adopte ce blason et ce sceau (le chiffre trois est très symbolique). A sa mort, son frère, Jean Sans-Terre le garde sans modification, ainsi que son fils Henri III en 1216. Il faut noter toutefois que ces armes sont celles des ducs de Normandie à partir seulement du XIIe siècle et non celles du duché de Normandie qui n’a jamais eu, à proprement parler, d’armes. Guillaume le Conquérant ne les a donc jamais connues. Quand Philippe Auguste rattache la Normandie à la France en 1204, il ne lui donne pas de nouveau duc. C’est seulement en 1339 que Philippe de Valois, roi de France, désigne son fils Jean (Jean le Bon) duc de Normandie. Celui-ci a pour armes les armes de la France avec une brisure rouge pour éviter la confusion avec celles de son père. Point de léopards ! Ceux-ci sont cependant toujours présents dans la Normandie insulaire. Les sceaux de Jersey et Guernesey ont trois léopards depuis 1279.
C’est en 1426 que le duc de Bedford, régent du Royaume d’Angleterre, fixe pour l’Echiquier de Normandie un écu à deux Léopard surmonté d’une fleurs de lys. De 1432 à 1436, ce duc fonde les diverses facultés qui constituent l’Université de Caen et leur accorde un sceau à deux léopards. Après la guerre de Cent Ans, Charles de France, duc de Normandie, adopte les armes de l’Université de Caen. Son frère, le roi de France Louis XI, contre qui il s’était rebellé, l’oblige rapidement à renoncer à son duché et fait briser l’anneau ducal à coups de marteau sur une enclume en pleine séance de l’Echiquier.
Ainsi, d’après Marcel Lelégard, les armes les plus anciennes et les plus vénérables, portées dès la fin du XIIe siècle par les ducs de Normandie sont de gueules à trois léopards d’or et non de gueules à deux léopards d’or qui sont des armes imposées par l’occupant à la fin de la guerre de Cent Ans.
FFM – Fédération Française Médiévale
Il est couramment admis que les armoiries de la Normandie se blasonnent : De gueules(1) à deux léopards d’or lampassés et armés d’azur(2). Pourtant, depuis plusieurs années, il est fréquent, lors des manifestations régionales, d’orner les mâts d’un drapeau rouge chargé d’une double croix jaune, décentrée vers la gauche à la façon des drapeaux scandinaves, et généralement appelée croix de saint Olaf.
L’ouvrage d’Alfred CANEL, Armorial des villes et corporations de la Normandie de 1863 ayant été récemment réimprimé par les Editions Page de Garde à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, il a paru intéressant de rappeler ici l’essentiel des hypothèses formulées sur cette question par l’érudit normand, pages 27 à 35 (Les Armoiries de la province), et surtout, pages 395 à 420 (Les Etendards de la Normandie et L’emploi de l’emblème du lion par les ducs de Normandie et les rois d’Angleterre) de son Armorial.
Selon Alfred CANEL, la couleur du champ des armoiries que se donna la province est empruntée à la bannière normande : « Le drapeau scandinave était rouge et le rouge s’était maintenu sur celui des hommes du Nord établis sur le bord de la Seine… Quant aux léopards…, ils viennent de l’emblème particulier adopté pour eux-mêmes par plusieurs de nos ducs, de l’emblème du lion qui, dans leur pensée, répondait à l’idée qu’ils s’étaient faite et qu’ils se plaisaient à répandre autour d’eux de leur irrésistible intrépidité dans les combats ».
On voit, par exemple, un lion sur le tombeau d’un fils du duc de Normandie Richard 1er et, en 1129, Geoffroi d’Anjou reçoit à Rouen, de son futur beau-père, Henri 1er, un riche bouclier chargé de lions d’or. « Ainsi, les lions furent un emblème très anciennement adopté par les princes normands, transmis par eux aux comtes d’Anjou, et par ces derniers aux rois d’Angleterre » précise A. CANEL.
On rappellera à ce propos, qu’en héraldique, le lion et le léopard sont un seul et même animal léoniforme(3), à cette double différence près que le léopard est un lion passant (et non rampant)(4) dont la tête fait face au spectateur (au lieu d’être représentée de profil).
Par ailleurs, le panache (ou « bouquet ») de la queue du léopard est tourné vers l’extérieur (et non retourné – normalement – vers l’intérieur, comme dans le cas du lion) ; la gueule est représentée ouverte, la langue pendante. Précisons, pour en terminer avec cette question, que lionné qualifie le léopard rampant, pourvu d’une queue de lion et, à l’inverse, léopardé s’applique au lion passant, pourvu d’une queue de léopard(5).
Après la réunion de la Normandie à la couronne de France, les deux léopards demeurèrent l’emblème de la province et continuèrent à faire concurrence aux fleurs de lys sur les sceaux d’importantes vicomtés (Caen, Bayeux, Falaise…), après s’être longtemps étalés sur les sceaux de l’échiquier provincial.
Lors des périodes troublées et jusqu’à la Ligue, l’étendard normand fut fréquemment arboré, peut-être en rappel des jours désormais lointains de l’indépendance. Il remplaça même les armes de France pendant les courtes périodes où un duc de sang royal fut momentanément donné à la province (ainsi avec Jean, fils aîné de Philippe de Valois, et Charles, frère de Louis XI).
Les Origines
Le ROUGE ne brillait pas seulement sur la bannière des Normands ; il orna longtemps leurs boucliers, comme ceux des Scandinaves. Pourtant, dans ses Observations sur la tapisserie de Bayeux, Hudson Gurney affirme que la bannière normande est invariablement « d’argent à une croix d’or dans une bordure d’azur », mais gardons-nous d’oublier que lors de la conquête de l’Angleterre, l’héraldique n’existait pas encore.
Pour leur part, les moines de l’abbaye Saint-Etienne de Caen qui devaient bien connaître la bannière de Normandie, la décrivent dans leurs manuscrits : De gueules à la bande échiquetée d’argent et d’azur de deux traits (au XIIIème siècle, semble-t-il).
Selon un historien des Croisades, lors d’une attaque d’infidèles survenue après la prise de Nicée, Robert, duc de Normandie, agite en l’air son « drapeau blanc brodé d’or ».
Pour Paulin Paris, au contraire, Les Manuscrits français de la Bibliothèque du roi montrent une miniature qui donne au duc Robert une bannière « d’or à deux fasces de gueules »(6).
La bannière normande aurait donc subi diverses transformations, surtout à partir de la seconde moitié du XIème siècle.
Mais les ducs normands, à côté de leur bannière principale, faisaient porter dans leurs armées un second étendard orné d’un « dragon » destiné à jeter la terreur dans les rangs ennemis. Ce type de monstre fabuleux, déjà connu des Romains, fut utilisé ultérieurement par des peuples aussi différents que les Byzantins, les Saxons ou les Flamands. Dans le cas des Normands, le corps du dragon était armé de pointes rouges et aiguës pour renforcer son aspect terrifiant.
A l’origine, un autre emblème, « le corbeau d’Odin », aurait également figuré comme seconde bannière dans les armées des ducs normands. Mais malgré, sans doute, quelques différences de forme, il fut rapidement désigné, lui aussi, sous le terme de « dragon » à cause de l’identité de sa fonction : effrayer l’adversaire !
Lors de la troisième croisade, le dragon normand était devenu celui de l’Angleterre, et d’après Du Cange, le dragon à tête d’or de Richard Cœur de Lion « fut terrible pour les païens pendant la croisade ».
Un dernier étendard normand est à citer : « le pavillon marchand ». Selon l’Encyclopédie méthodique, toujours citée par A. CANEL, ce pavillon était « mi-parti, bleu et blanc, c’est-à-dire composé de deux bandes horizontales, la plus élevée bleue et l’autre blanche »(7). Et A. CANEL de conclure : « Dans son état actuel, le pavillon de Normandie continue d’être bleu et blanc, mais ses couleurs ne sont plus distribuées de la même manière. Le blanc y dessine une croix au milieu et occupe également le tiers inférieur du champ ; le reste est bleu. Pour que le blanc du champ et celui du bas de la croix ne se confondent pas, ils sont séparés par un large trait bleu en retour d’équerre »(8).
Notes :
(1) Nom héraldique de la couleur rouge.
(2) Lampassé et armé qualifient respectivement la langue et les griffes de l’animal lorsqu’elles sont d’une couleur particulière, différente du reste du corps.
(3) Pourvu d’une crinière.
(4) Un animal est dit passant quand il semble marcher, la patte antérieure droite levée ; rampant lorsqu’il est représenté debout, de profil, dressé sur la patte postérieure gauche, levant la patte antérieure droite.
(5) Dans ces deux derniers cas, seule la tête (de face pour le léopard, de profil pour le lion) permet de reconnaître l’animal.
(6) Les d’Harcourt, la plus ancienne famille normande, portent des couleurs exactement inversées : De gueules à deux fasces d’or.
(7) En héraldique, il semble plutôt qu’il s’agisse d’un « coupé » !
(8) Nos amis de la Commission Héraldique auront à cœur de blasonner ce pavillon dans les règles.