Le drapeau Normand, histoire et points de vue.

L’origine du drapeau normand est source de controverses.
Notre association met en avant le drapeau armorié, c’est-à-dire qui reporte le blason de la Normandie.
Nous retenons les deux léopards.  La raison est qu’il s’agit du symbole le plus connu de la Normandie à travers le monde. C’est donc un signe fédérateur aisément reconnaissable.

Pour votre curiosité nous vous proposons un recueil de points de vue sur le drapeau et le blason:

(pour voir les applications: utilisation dans les logos, en décoration, les léopards, modernisés, des photos des drapeaux sur les bâtiments, etc…: aller sur http://leopardsnormands.over-blog.com/)

BLASON NORMAND
http://www.normandieweb.org/histoire/blason.html
Auteur : Jean-Marie Levesque – jmlevesque@ville-caen.fr
Pas de lions sur le blason normand en effet mais deux « léopards passants, d’or, sur champ de gueules ».
Le léopard héraldique est souvent confondu avec le lion dans la mesure où il est représenté comme lui avec une crinière et sans aucune caractéristique de pelage tacheté.
En fait le léopard héraldique se distingue du lion en ce qu’il est représenté « passant », c’est-à-dire marchant sur trois pattes, la quatrième dressée, corps de profil et tête de face, et queue redressée vers l’extérieur (et non retombant sur le dos, comme pour le lion). Le léopard peut être « lioné », ou « rampant » (la position héraldique du lion), s’il est dressé sur ses pattes arrières. Il ne se distingue plus alors que par la queue et le tête.
Ceci dit, le léopard est dans le bestiaire médiéval un cousin du lion. « Léo-pard », soit batard du lion (leo) et du « pard », la panthère. Animal maléfique puisque batard.Henri II Palntagenêt aurait choisi ce blason en défi au pape après son excommunication pour le meurtre de Thomas Becket ???
Car en fait les léopards de Normandie sont anglais. Anglo-angevins plus précisément, et normands par alliance.
Ils sont dérivés du plus ancien blason connu de la famille comtale angevine : les Plantagenêts, celui de Geoffroy, père d’Henri, dont on peut admirer la plate-tombe en émail, dite pour cela « l’émail Plantagenêt » au Musée du Mans.
Sur l’émail Plantagenêt les figures sont disposées en semis (en nombre non fixé) sur champ d’azur, comme c’est le cas pour beaucoup de blasons au début de la période héraldique (il n’y a pas d’armoiries au sens strict avant le XIIe s.). Les lys de France sont ainsi en semis avant d’être au nombre de trois en hommage à la Sainte Trinité.
Les léopards Plantagenêts ont suivi la même évolution. On parle parfois de trois léopards pour les trois fils d’Henri, Henri le Jeune, Richard et Jean. Mais Henri II a eu d’autres fils.
L’azur (bleu) et le gueule (rouge) sont quand à elles des couleurs communes dans les grandes familles d’Europe. Henri II préférera donc le rouge au bleu.
Il n’y a pas de rapport entre le surnom de Richard et les léopards du blason. Les contemporains ne pouvaient faire la confusion.
Les armoiries des Plantagenêts passent donc dans le blason royal d’Angleterre. Par la suite les souverains anglais y ajoutent les lys de France (qu’ils gardent toujours) en rappel de leur revendication du trône de France, cause de la guerre de Cent Ans. En réponse et par défi, Charles V prendra les léopards plantagenêts, réduits au nombre de deux, pour blason de la Normandie, théâtre important des chevauchées anglaises et françaises et province donnée en apanage aux héritiers de France – Charles V fut duc de Normandie, comme son père Jean le Bon.
On ne peut donc pas parler des deux léopards d’or sur champ de gueule comme blason de la Normandie avant le couronnement de Charles en 1365. Rien à voir, faut-il le préciser, avec Guillaume le Conquérant.
ARMOIRIES ET DRAPEAU NORMANDS
http://www.mouvement-normand.com/armoiries_drapeau_normand.php
Auteur : Didier Patte
Ne pas confondre. Les léopards d’or sur fond de gueules constituent les armoiries de la Normandie et la double croix de Saint Olaf jaune sur fond rouge, le drapeau normand.
Les Armoiries
Elles proviennent des armoiries personnelles des ducs Rois de la famille des Plantagenêt. Il semble que Geoffroy, duc d’Anjou, marié à Mathilde l’Emperesse, portait des lions de gueules sur fond d’azur (Email du Mans). Les couleurs furent modifiées lorsqu’il fut adoubé par son beau-père, Henri 1er Beauclerc, en 1128. L’or (jaune) et gueules (rouge) seraient donc les couleurs normandes traditionnelles… Quant à la transformation des « lions » en « léopards », elle daterait de la période d’Henri II Plantagenêt. Aux yeux des héraldistes anglais, les « léopards » seraient en fait des « lions », ayant une posture particulière. Ils sont «passants » (position horizontale, trois pattes touchent le sol,  patte antérieure droite levée) et « guardant » (c’est-à-dire montrant leurs deux yeux), leur queue étant en forme de « S » allongé, parallèle à la ligne de leur dos, houppe retombant à l’opposé de la crinière. Cette façon de représenter le lion (d’ordinaire en héraldique, celui-ci est « rampant », c’està-dire entièrement de profil et ne montrant qu’un seul oeil, orienté vers la dextre, en position diagonale sur ses pattes postérieures, la patte antérieure droite plus haute que la gauche, griffes et langues sorties, sexe visible, queue levée laissant retomber sa houppe vers sa crinière) qui distingue donc le « léopard » du « lion », n’est pas sans rappeler les dragons celtico-nordiques, symboles de commandement, qui étaient constitués d’une tête de fauve en métal servant de support à une longue manche à air. Dans l’ost de Guillaume, en 1066, le comte de Tancarville était le porte-dragon (pendragon)…Certains prétendent qu’Henri II aurait choisi ce « lion » très… païen, au moment de ses démêlés avec l’Eglise (Affaire Thomas Becket). Le léopard serait le « mauvais » lion, dirent les hérauts d’armes français au XIVe siècle, un animal bâtard à la fois lion (léo) et panthère (pardus). Mais c’était la Guerre de Cent ans…
Combien de léopards dans les armoiries normandes ? Deux ou Trois ? Rien n’est certain. Ce que l’on sait, c’est que les armoiries personnelles d’Henri II n’en comportaient que deux et que c’est Richard Coeur de Lion qui ajouta le troisième. Les armoiries de la famille royale d’Angleterre continuent à arborer trois léopards. Ce n’est qu’au XVe siècle que la province de Normandie fut dotée d’armoiries : la tradition française veut qu’il n’y ait que deux léopards, la tradition des Iles de la Manche en arbore trois (sa majesté la Reine Elizabeth en est la suzeraine comme « seigneur des Iles, notre Duc »). Sous l’influence du grand poète patoisant cotentinais, Louis Beuve, nombre de militants normands penchent pour les trois « cats », tandis que la Normandie officielle depuis le XVe siècle s’en tient aux deux léopards… Querelle inextinguible, finalement de peu d’intérêt : l’important étant que les armoiries de la Normandie soient fréquemment représentées.
Le drapeau de la Normandie
Plus récent que les armoiries, apparu dans les années cinquante sur la couverture de la revue Viking et, alors, constitué d’une simple croix de Saint Olaf (ou Olav) jaune sur fond rouge… Pourquoi une croix de Saint Olaf ? Pour rappeler l’origine scandinave de la Normandie (tous les pays scandinaves ont des drapeaux avec une croix, simple ou double, de Saint Olaf). Il est bon de souligner que le futur Saint Olaf, évangélisateur de la Scandinavie, fut baptisé à Rouen ! La Scanie, province de Suède, très proche du Danemark, ayant un drapeau rouge à croix de Saint Olaf d’or, il convenait que la Normandie modifiât son drapeau : c’est l’origine du drapeau actuel : rouge à double croix de Saint Olaf jaune, disposition fréquente (cf. les drapeaux norvégien, islandais ou féringien). Reconnu par l’Association Internationale de Vexillologie, le drapeau normand a trouvé la consécration lors de la parution de l’ouvrage « Flags throught the ages and across the world » (édition Mc Grave Hill Book – Co 1975) et dans sa traduction française « Les drapeaux à travers les ages et dans le monde entier » (Fayard 1976). Les militants normands, mais aussi de plus en plus de municipalités, soucieux de bien distinguer armoiries et drapeau et désireuses de ne pas s’engluer dans la querelle stérile des deux ou trois léopards plébiscitent le drapeau à double croix de Saint Olaf, mais se satisfont aussi que des pavillons
représentant les léopards flottent dans toute la Normandie. Pavoiser normand, chose rare il y a encore vingt ans, devient une évidence et une habitude.
LES LEOPARDS ANGLO-NORMANDS EN HERALDIQUE
http://www.harmattan.fr/auteurs/article_pop.asp?no=8454&no_artiste=5768
Docteur Jean-Marie Thiébaud
Fondateur du Conseil Français d’Héraldique  – 25 mars 2008
Les léopards anglo-normands
Dans l’univers des armoiries, ce ne sont pas les léopards normands qui sont allés en Angleterre mais les léopards anglais qui sont venus en Normandie et ces mêmes léopards ne sont jamais passés de deux à trois mais, au contraire, de trois à deux.
Lors de la conquête de l’Angleterre en 1066 par Guillaume de Normandie, celui-ci ne possédait pas d’armoiries et pour cause : l’héraldique n’avait pas encore fait son apparition.
Richard, Cœur de Lion, portait « de gueules à deux lions rampants affrontés d’or ». À son retour de captivité en 1195, il transforma ces deux lions rampants en trois léopards passants, l’un sur l’autre, que conservèrent ses successeurs, de son frère Jean sans Terre à Édouard III, de 1198 à 1340.
La Normandie fut un duché indépendant du royaume de France de 911 à 1204. Lorsque Philippe Auguste confisqua les biens de Jean sans Terre en vertu du droit de retrait féodal en 1204, les Anglais conservèrent les îles anglo-normandes et, en 1279, Édouard 1er accorda au bailliage de ces îles un sceau avec les trois léopards qu’on retrouve encore de nos jours sur le drapeau de l’île de Jersey.
La Normandie continentale a donc été annexée au royaume de France. En septembre 1465, Louis XI nomma son frère Charles duc de Normandie et celui-ci, au lieu d’ajouter une brisure aux armes de France (les fleurs de lis), préféra reprendre les léopards des Plantagenets mais en réduisant leur nombre de trois à deux.
Précisons enfin que le terme « léopard » n’existe pas dans l’héraldique anglaise. Les animaux que les Français qualifient de léopards en héraldique sont dits « lions passants gardants (regardants) » dans le vocabulaire anglais du blason ce qui est plus logique puisque les léopards ne sont pas ceux de la faune mais des lions dont la tête n’est plus vue de profil, mais de face, les yeux de l’animal regardant le lecteur de l’écu.
LE BLASON HISTORIQUE DE LA NORMANDIE
http://magene.chez-alice.fr/drapeau.html
L’emblême historique de la Normandie est un drapeau rouge à deux léopards jaunes (surnommé « cats » (chats) en normand. On parle parfois, par erreur,  des « lions » du drapeau normand car ce sont bien deux « léopards passants » (c’est-à-dire marchant sur trois pattes).
Mais ne chipotons pas, les deux fauves sont cousins dans le bestiaire médiéval : léo = lion, pard = panthère. L’addition donne un animal bâtard, et donc maléfique…
Ces léopards  sont issus du plus ancien blason connu des Plantagenêt, celui de Geoffroy, père d’Henri II, dont on peut admirer la superbe tombe en émail au Musée du Mans, connue sous le nom d’émail Plantagenêt (ci-contre).
C’est Henri II Plantagenêt (1133-1189) qui a choisi le blason à 2 léopards. Son fils, Richard Coeur de lion, ajoutera un 3e léopard.
On peut donc dire que ces léopards sont à la fois anglais (Henri était roi d’Angleterre), angevins (il était aussi comte d’Anjou) et normands (son père Geoffroy et lui étaient aussi ducs de Normandie).
Et alors, combien de fauves sur le drapeau normand ?
La polémique fait rage autour des comptoirs : combien de léopards le drapeau normand doit-il afficher de nos jours ?
Les 3 léopards d’or apparaîssent clairement sur le blason de Richard Cœur-de-Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre, en 1198. Ses successeurs, Jean Sans-Terre et Henri II les conservent. En 1204, Philippe II rattache la Normandie à la couronne de France sans y nommer de duc. Du coup, le blason à 3 léopards ne subsiste que dans les Iles (Jersey et Guernesey) où Edouard Ier demeure duc. Donc, c’est clair, plus de léopards en Normandie.
Pendant la guerre de 100 ans, le duc de Bedford, occupant de la Normandie, accorde à l’Université de Caen un écu à 2 léopards. En 1469, Louis XI fera détruire violemment cet écu offert par l’envahisseur, non mais !…
Aujourd’hui, le drapeau normand comporte officiellement 2 léopards. Hum… Il faudra sans doute régler le différend entre les partisans du 2 et ceux du 3 par une bonne partie de choule à la crosse…
HERALDIQUE
http://passionsdeserge.over-blog.com/article-1574556.html
Le léopard héraldique est souvent confondu avec le lion dans la mesure où il est représenté comme lui avec une crinière et sans aucune caractéristique de pelage tacheté.
En fait le léopard héraldique se distingue du lion en ce qu’il est représenté « passant », c’est-à-dire marchant sur trois pattes, la quatrième dressée, corps de profil et tête de face, et queue redressée vers l’extérieur (et non retombant sur le dos, comme pour le lion). Le léopard peut être « lioné », ou « rampant » (la position héraldique du lion), s’il est dressé sur ses pattes arrières. Il ne se distingue plus alors que par la queue et la tête. (le léopard est dans le bestiaire médiéval un cousin du lion. « Léo-pard », soit batard du lion (leo) et du « pard », la panthère).
Deux ou trois « cats » ?
L’écu rouge à deux lions jaunes tournant la tête de face, blasonné de gueules à deux léopards d’or l’un sur l’autre est l’emblème héraldique de la Normandie continentale.
Dans les îles anglo-normandes, les deux bailliages de Jersey et de Guernesey qui constituent la Normandie insulaire portent un blason à trois léopards, comme celui de Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre et duc de Normandie.
Lequel des deux blasons est le plus ancien demeure un sujet de polémique et de recherche historique.
C’est le drapeau rouge à deux léopards jaunes (surnommé en normand  les p’tits cats), que hissent la plupart des entreprises, mairies et autres collectivités territoriales normandes, dont les deux conseils régionaux. Il est très majoritairement reconnu comme emblème de la Normandie depuis longtemps et se voit partout. Sa popularité et son importante diffusion sur tout support tient à ce qu’il est identique aux armoiries de la Normandie continentale, blasonné « de gueules à deux léopards d’or »
Le litige historique sur le blason normand a amené certains à préférer un drapeau rouge à trois léopards jaunes (surnommé en normand les treis cats), malgré la confusion avec les emblèmes de l’Angleterre induite par ce choix.
Le drapeau à croix de Saint-Olaf. C’est un drapeau rouge orné d’une croix dite de Saint-Olaf, à croix rouge bordée d’or, allongée au battant à la manière des drapeaux des nations scandinaves, c’est-à-dire suivant le modèle des drapeaux des pays et régions nordiques. Ce drapeau a été créé par le mouvement normand dans les années 1970. Il a l’avantage de reproduire à la fois les couleurs du blason normand et d’y associer l’héritage nordique de la province. Il est promu notamment par des associations culturelles et des associations régionalistes revendiquant l’héritage des Vikings ou Normands.
Qu’ en est-il donc des Armes à deux Léopards si répandues de nos jours en Normandie ?
La guerre de cent ans s’est déroulée de 1337 à 1453, et notre Duché sous domination anglaise a vu sa structure modifiée. Le Duc de Bedford, oncle du Roi d’Angleterre, Henri VI, et régent du Royaume a fixé pour l’Echiquier de Normandie des Armes  » à deux Léopards surmontés d’une fleur de lys « . L’Université de Caen, fondée par ce Duc de Bedford, reçoit un sceau « à deux Léopards » en 1436.
Après la guerre de Cent-ans, le Prince Charles de France, en rébellion contre son frère le Roi Louis XI, est reconnu Duc de Normandie et il prend naturellement l’écu d’ Armes de l’Université de Caen :  » De gueule à deux Léopards d’ Or « 
Ce bref rappel historique indique donc que c’ est la  » Normandie Insulaire  » qui serait dans la tradition, les Armes actuelles de la Normandie continentale ne sont apparues que plus tard au cours de la Guerre de Cent ans et sous influence anglaise.
Le Contre-sceau de Richard Cœur-de-Lion, en 1198, comportait l’inscription suivante « Ricardus, Dux Normanorum et Aquitanorum et Comes Andegavorum » (Richard, Duc de Normandie et d’Aquitaine et Comte d’Anou ). À cette époque le Duc Roi régnait des Îles Hébrides et de l’Ecosse jusqu’ aux Pyrénées. C’était le plus puissant Etat d’Europe. L’Anjou puis l’Aquitaine grâce aux mariages successifs de Mathilde l’Emperesse avec Geoffroy d’Anjou Plantagenêt, puis d’ Henri II avec Aliénor d’ Aquitaine, avaient ajouté une façade atlantique au Royaume d’Henri 1er Beauclerc.
Le blason normand n’aurait rien à voir avec Guillaume le Conquérant.
POURQUOI LES TROIS LEOPARDS ?
Il faut tout d’abord distinguer le drapeau de l’étendard.
Les drapeaux n’apparaissent guère qu’au XVIIème siècle, comme emblèmes des nations. Le drapeau normand est créé dans les années 1930 par Jean Adigard des Gautries : c’est un drapeau rouge à croix de saint Olaf (qui rappelle les origines Scandinaves de la Normandie). L’étendard est l’écu médiéval d’un chevalier reproduit sur tissu et hissé sur une hampe, l’étendard (ou Bannière) est donc à l’origine attaché
à une personne (X
ème-XIème siècles) puis devient héréditaire. L’étendard des premiers ducs normands (Xème-XIème siècles) est tout de rouge ou encore rouge orné d’un dragon. Puis le léopard, symbole de force et de puissance apparaît progressivement.
C’est le duc-roi Richard Ier Cœur-de-Lion (1189-1199) qui prend le premier l’écu de gueules (rouge vif) à trois léopards d’or et le transmet
à son frère et successeur Jean-Sans-Terre. Les trois léopards
d’or sont donc, définitivement fixés, l’étendard du duché de Normandie.
Les rois d’Angleterre, comme ducs de Normandie et descendants de Richard Ier continuent de porter les trois léopards sur fond de gueules alors même que la Normandie leur est confisquée par Philippe II Auguste en 1202-1204. Les îles anglo-normandes, non conquises par Philippe II, portent toujours les trois léopards. Désormais soumise au roi de France, la Normandie porte les armes des fils des rois (d’azur semé de fleurs de lys d’or). En 1426, pendant la guerre de Cent Ans, le sceau de la Normandie, comporte deux léopards surmontés d’une
fleur de lys :
Henry VI est alors roi d’Angleterre et roi de France. Il fonde en 1432 l’Université de Caen dont le sceau porte deux léopards. En 1450, la Normandie redevient française. Enfin, de 1465 à 1469 Charles, frère du roi de France Louis XI reçoit le duché de Normandie : il ne porte que deux léopards d’or. Le duché aux deux léopards n’est plus qu’un instrument politique aux mains des rois ! L’anneau ducal est définitivement Brisé en 1469.
Les trois léopards sont donc non seulement les armes les plus anciennes mais aussi celles des ducs souverains ! Diex aïe !
SNEC – Cafés Normands (Cherbourg)        snec@dial.oleane.com
 
 
 
Texte de L’abbé Lelégard, in  fascicule « le Chateau de Pirou. »
Les Léopards de Normandie
par Marcel Lelégard

L’une des hontes de ma vie dont je traînerai le remords jusqu’à mon trépas, sera d’avoir recouvert le catafalque de Louis Beuve d’un grand drap rouge à deux léopards d’or, dans la cathédrale de Coutances, le 12 août 1949, pour le service trentain que la Normandie lui célébra.
Georges Lernesle, puis Albert Desile me dirent chacun à leur tour: « Ch’est troués qu’il en faut! » Si je cite cet épisode, c’est pour témoigner que je suis sans préjugés.

Il y a eu un temps où j’ai cru de bonne foi que les armes de Normandie ne comportaient que deux léopards, car c’était ce que je pouvais voir sur le frontispice ou la page de titre d’ouvrages relativement anciens: « Histoire générale de Normandie» par Gabriel du Moulin, à Rouen chez Jean Osmond, 1631 : « Histoire ou chronique de Normandie », éditée par Martin Le Mégissier en 1581, à Rouen.
Je voyais ces mêmes armoiries ornant les cartouches de nombreuses cartes géographiques anciennes des XVIIe et XVIIIe siècles de la « province», ou « gouvernement de Normandie ».
Par ailleurs, j’avais fait la connaissance du marquis Louis de Saint-Pierre, qui avait sur cette question des idées péremptoires, qu’il exposait doctoralement: les « armes primitives de la Normandie sont à deux léopards, car les armes les plus simples sont les plus anciennes. Celles qui comportent un léopard de plus portent la marque d’une « brisure », c’est celles que nous avons attribuées à l’Angleterre, notre conquête ».
Cette belle théorie, transposant imaginairernent au XIIe siècle des règles qui ne se feraient jour que beaucoup plus tard, ne reposait en fait sur
rien du tout. Elle était totalement erronée.
Quiconque veut suivre de façon impartiale et scientifique l’histoire de ce blason doit se reporter aux documents sigillographiques irréfutables.
La plus ancienne figuration de l’écu (rouge) à léopards (d’or) apparaît sur le sceau équestre de Richard Cœur-de-Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre, appendu à une charte datée du 18 mai 1198. Et les léopards y sont bel et bien au nombre de trois. Ce blason et ce sceau avaient été adoptés par Richard Cœur-de-Lion après sa captivité au retour de la croisade, car auparavant il portait semble-t-il des lions
affrontés, plus ou moins inspirés peut-être, des lionceaux qu’avait portés Geoffroy Plantagenêt son grand-père.
On ignore quelles armes avaient été celles de Henri II, car l’écu, à cette époque des origines de l’héraldique, était encore purement personnel, non héréditaire. C’est au tournant du XIIe au XIIIe siècle qu’on le voit devenir transmissible. À la mort de Richard Cœur-de-Lion, en 1199, son frère et successeur Jean Sans-Terre le garde sans modification, et le fils de celui-ci, Henri III, le conservera tel quel en recueillant sa succession en 1216.
Toutefois, il faut bien noter que les armes sont celles du prince et non celles de la terre, duché, ou royaume. La Normandie à proprement parler n’a jamais eù d’armes. Ce sont ses ducs qui en avaient, et encore, seulement à partir de la fin du XIl’ siècle ainsi Guillaume le Conquérant ne les a jamais connues.
Lorsque Philippe Il Auguste rattache la Normandie à la couronne de France en 1204, il ne lui donne pas un nouveau duc.
Ce n’est qu’en 1339 que Philippe de Valois, roi de France, désigne son fils Jean comme duc de Normandie. Quel blason va porter le prince ? Tout simplement les armes de France: d’azur semé de fleurs de lys d’or, avec une bordure rouge pour « brisure» afin d’éviter la confusion avec les armes du roi son père, et lorsque ce même Jean, devenu roi, (jean le Bon) désignera pour duc de Normandie son fils le Dauphin Charles, quel blason portera celui-ci ? Un écartelé aux 1er et 4ème quartiers de France, et aux 2ème et 3ème quartiers: des dauphins de Viennois ; dans tout cela point de léopards : Les armes sont celles du prince, issu de la Maison de France. Les léopards n’étaient point totalement oubliés. Cependant en 1279, Édouard Ie qui est toujours duc de Normandie dans les îles de Jersey et Guernesey (la Normandie insulaire) concède au bailliage des îles un sceau à trois léopards, puis en 1304, chaque Ile devient un bailliage indépendant avec son sceau particulier, chacun à trois léopards. Quand verra-t-on apparaître des blasons à deux léopards seulement ?
Ce ne sera pas avant 1426, et c’est le roi d’Angleterre Henri VI ou plus exactement son oncle le duc de Bedford, régent du Royaume, qui, à cette date, fixe pour l’Échiquier de Normandie un écu à deux léopards surmonté d’une fleur de lys, puis en 1432 on voit apparaître pour le sceau du conseil du roi séant à Rouen un écu à deux léopards sur un semis à fleurs de lys.
C’est de 1432 à 1436 que le duc de Bedford fonde les diverses facultés qui constituent l’Université de Caen. Il leur accorde un sceau à deux
léopards. Après la guerre de Cent Ans, lorsque le prince Charles de France, en rébellion contre son frère le roi Louis XI, à la tête de la Ligue du Bien Public, force la main du roi au traité de Romorantin (1465) et l’oblige à le reconnaître duc de Normandie, il n’adopte pas pour blason des armes dérivées de l’écu de France, mais il prend purement et simplement celles de l’Université de Caen : de gueules à deux léopards d’or.
Hélas son duché va être bien éphémère: Louis XI l’oblige à y renoncer en 1469 et le 9 novembre de cette même année, il fait briser l’anneau ducal à coups de marteau sur une enclume en pleine séance de l’Échiquier.
En résumé et de façon claire et précise, la France n’a pas de blason: seules les maisons qui ont régné sur elle avaient des armoiries. Les Capétiens portaient d’azur semé de fleurs de lys d’or, les Valois et les Bourbons ont porté d’azur à trois fleurs de lys d’or, Napoléon 1e et Napoléon III d’azur à l’aigle d’or empiétant un foudre.
De même, la Normandie n’a pas, personnellement, d’armoiries. Elle a porté les armes de ses ducs. Les plus anciennes et les plus vénérables, portées dès la fin du XlIIe siècle sont de gueules (c’est-à-dire rouges) à trois léopards d’or. Le blason à deux léopards d’or est celui de l’Université de Caen fondée par le duc de Bedford, ces armes ont été portées également par Charles de
France, éphémère duc de Normandie théoriquement pendant quatre ans, mais dont le « règne» sans gloire ne dura effectivement que trois mois.
Si les Normands veulent adopter pour la Normandie un blason et un étendard, on comprendra qu’ils prennent ceux de Richard Cœur-de-Lion, plutôt que ceux du minable Charles de France, qui, dans sa rébellion contre le roi de France son frère, avait adopté les armes proposées par l’occupant vers la fin de la guerre de Cent Ans.
 
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Mail d’un des nos amis; reçu le 12 Février 2012
Il y a quelques années, j’ai lu que la plus ancienne représentation des « léo-pards » figurant sur les armes de Normandie et d’Angleterre apparaît      sur le plus ancien blason connu de la famille Plantagenêts, celui de Geoffroy V le Bel (fondateur de la dynastie), père d’Henri II (futur roi d’Angleterre) et duc de Normandie dont on peut voir      la plate tombe en émail, dite « l’émail Plantagenêt » (voir plus hautt), au Musée du Mans.
          
Sur l’émail Plantagenêt les figures sont en semis sur champ d’azur, comme c’est le cas pour beaucoup de blasons au début de la période héraldique.      Les lys de France sont ainsi en semis avant d’être au nombre de trois en hommage à la Sainte Trinité. Les léopards Plantagenêts ont suivi la même évolution.
L’azur (bleu) et le gueule (rouge) sont des couleurs communes dans les grandes familles d’Europe. Henri II choisira le rouge au bleu. Les      armoiries des Plantagenêts passent donc dans le blason royal d’Angleterre.
Par la suite les souverains anglais y ajoutent les lys de France (qu’ils gardent toujours) en rappel de leur revendication du trône de France,      cause de la guerre de Cent Ans.
 
En réponse et par défi, Charles V prendra les léopards Plantagenêts, réduits au nombre de deux, pour blason de la Normandie, province donnée en      apanage aux héritiers de France – Charles V fut duc de Normandie, comme son père Jean le Bon.
On ne peut donc pas parler des deux « léopards d’or sur champ de gueule » comme blason de la Normandie avant le couronnement de Charles.

Les « léo-pards » de Normandie seraient donc « angevins », voire « anglo-angevins » et « normands par alliance », ces armes ne furent donc jamais celles      de Guillaume.

Le blason normand est alors à trois « léo-pards » avant 1356, l’intronisation en Normandie de Charles V, et à 2 « léo-pards » après.

ET :
Blason / drapeau normand - 2 Léopards      
Revue de rouen et de Normandie – 17eme année. 1849 –page 488
ARMOIRIES DE LA PROVINCE DE NORMANDIE.
Les armoiries de la province de Normandie, sont : de gueules, à deux lions léopardés,  passant de droite à gauche.
1 Cette description contredit les explicitions précédentes , dans lesquelles on a défini le lion, le léopard et le lion léopardé.      Comme il importe de ne pas laisser, dès le commencement de ce travail, s’introduire une erreur souvent commise, nous constaterons que les insignes des armes de Normandie sont, héraldiquement      parlant, des léopards et non des lions léopardés. (Note du Directeur-Gérant.)
Ce n’est, au plutôt, que vers le commencement du XIIIè siècle, époque à laquelle les règles du blason commencèrent a s’établir et les      armoiries à devenir héréditaires dans les familles, qu’il convient de faire remonter l’origine de celles de la province.
La couleur du champ est empruntée à la bannière de Normandie que les anciens manuscrits des moines de Saint-Etienne de Caen indiquent avoir été :      de gueules à la bande échiquetée d’argent et d’azur de deux traits *.(Recherches sur la tapisserie de Bayeux ; par l’abbé De La Rue.) Quant aux lions, avant que la province se les fût      appropriés pour son emblème, déjà plusieurs de ses ducs les avaient adoptés pour eux-mêmes.
«Les boucliers de Guillaume-le-Conquérant et de ses successeurs, jusqu’à Henri II inclusivement, dit l’abbé de La Rue, ne présentent que leur      revers ; il est donc impossible de dire s’ils étaient ou s’ils n’étaient pas chargés de lions. Mais on voit un lion sur le tombeau d’un fils du duc de Normandie, Richard 1er » Traité de      diplomatique, vol. 4 , p. 376.
Sur le chapiteau d’une des colonnes qui forment le pourtour du sanctuaire de l’abbaye de Sainte-Trinité de Caen, et qui date du temps même de sa      dédicace, en 1066, on voit deux lions supportant sur leur tête un cadre qui entoure le buste d’une femme…, qui sûrement représente la reine Mathilde, fondatrice de ce monastère. En l’année      1129 le roi Henri 1er », élevant, à Rouen, Geoffroy d’Anjou, son futur gendre, à la dignité de chevalier, lui donne, suivant l’usage, tout le costume nécessaire pour cette cérémonie, et,      surtout, un riche bouclier chargé de lions d’or *. * Recueil des Hist. de France, vol. 12 , p. S2.
Ainsi, les lions furent un emblème très anciennement adopté par les princes normands, transmis par eux aux comtes d’Anjou, et par ces derniers,      aux rois d’Angleterre ‘. » Recherches sur la tapisserie de Bayeux
Lorsque la Normandie fut réunie à la couronne de France, l’emblème de ses anciens maîtres , désormais des étrangers pour elle, pouvait sans doute      y disparaître pour faire place à celui des rois de France , ses nouveaux ducs ; mais cette révolution s’était accomplie tellement contre la volonté du peuple normand, que Philippe-Auguste, pour      amortir les répulsions nationales, avait été obligé de garantir au duché ses lois et ses institutions particulières. L’introduction des lions dans les armoiries provinciales fut      vraisemblablement une inspiration de l’esprit de nationalité. Richard-Cœur-de-Lion qui, plus que tout autre, avait eu à défendre la Normandie contre les entreprises de la royauté française,      avait glorieusement porté devant l’ennemi l’emblème léonin de son bouclier. Adopter cet emblème pour la province, c’était rappeler les jours de l’indépendance, c’était protester contre la      conquête.
Quoi qu’il en soit, sous la domination française, les armoiries normandes s’effacent partout devant celles de la royauté. Toutefois  il y eut      de courtes périodes pendant lesquelles il fut donné aux lions de se produire : c’était principalement lorsqu’il arrivait qu’un duc de sang royal était momentanément donné à la province. Ainsi,      en 1333, après le couronnement, comme duc de Normandie, de Jean, fils ainé de Philippe de Valois, on se hâta de faire disparaître des actes publics les armes de France et d’y substituer le      sceau du duc, avec les lions normands, et tous les tribunaux apposèrent le nouveau sceau aux actes de leur juridiction’. Labbe ; Nova« Bibltoth. manuscr. I, 380.
Avec quel empressement la province ne dût-elle pas encore relever ses armoiries, en 1465, lorsqu’elle forçait Louis XI de lui donner pour duc le      prince Charles, son frère !
Dans les autres temps, la Normandie se gardait bien de laisser tomber son blason en oubli. Combien de fois il figura honorablement dans les      entrées des rois et des plus puissants personnages, sur les livres les plus chers à tout bon Normand, tels que les chroniques nationales, les cahiers des Etats, la Coutume !…
Maintenant, il n’y a plus de Normandie que dans l’histoire; mais ses armoiries se montrent toujours avec orgueil, et, longtemps encore nous le      pensons la société des antiquaires de Normandie les maintiendra en tête de ses publications
Et :
Histoire de l’armée et de tous les régiments depuis les premiers temps par Sighard 1853 –      page 110
(annotation  par F Dublaron : texte très contestable historiquement !!)
« Le vaisseau que montait le duc de Normandie marchait en tête, dit l’auteur de l’Histoire de la conquête de l’Angleterre, portant au haut de son      mât la bannière envoyée par le pape et une croix sur son pavillon. Ses voiles étaient de diverses couleurs, et l’on y voyait peints en plusieurs endroits les trois lions, enseigne de      Normandie(1); à la proue était sculptée la figure d’un enfant portant un arc tendu avec la flèche prête à partir. »
Guillaume, en s’éloignant du rivage, dit un dernier adieu à sa bonne terre de Normandie; aussitôt des milliers de voix répondirent à sa voix.      C’était le salut qu’échangeaient la France et l’Angleterre au début de ce grand duel qui a duré près de huit siècles presque sans paix ni trêve; car si, sanglantes et brisées par cette longue      lutte, les deux nations se sont quelquefois reposées près de leurs armes en faisceaux, ces moments de répit ont toujours été courts, et la guerre n’en a pas moins existé. Constante dans sa      politique ou plutôt dans sa haine, l’Angleterre a sans cesse poursuivi dans l’ombre l’œuvre commencée au grand jour du champ de bataille, et le plus souvent elle a arraché par des moyens que      l’on est convenu d’appeler diplomatiques des avantages qu’elle n’eût sans doute pas obtenus par les armes. A Dieu ne plaise que nous voulions insulter ici à cette vieille, à cette forte race      anglaise, qui peut s’enorgueillir, ajuste titre, de sa suprématie maritime et de l’influence qu’elle a exercée sur les destinées du monde I Mais l’histoire est là pour prouver que tous les      traités scellés aux armes britanniques ont été funestes à la France bien plus que les batailles les plus désastreuses, et que, dans les diverses phases de…
(1) Guillaume, devenu roi d’Angleterre, changea les lions de Normandie pour deux léopards, qu’il fit graver sur l’étendard national. Henri II en      ajouta un troisième, le léopard de Guyenne.
ET :
Dictionnaire héraldique contenant explication et la description des termes et figures usités      dans le blason, des notices sur les ordres de chevalerie les marque des charges et dignités les ornements et l’origine des armoiries etc.. par Charles GRANDMAISON et publié par l’abbé Migne. 1852. (1143 pages) (disponible      gratuitement sur google books.
l’avantage de ce livre c’est que les blasons sont répertoriés en fonction de leur dessins et      symboles, ainsi donne t-il la liste des blasons contenant un léopard, deux léopards et trois et plus. avec le nom des      famille la lecture du blason et l’origine. (pages 475 à 480).
          
ET :
avis personnel de notre correspondant :
« Ch’est troués qu’il en faut ! « .
Je parle des léopards de Normandie. L’un des plus grand regret de l’abbé Marcel Lelégard c’est d’avoir recouvert le catafalque de Louis Beuve d’un      drap rouge à deux léopards d’or dans la cathédrale de Coutances le 12 août 1949 pour le service trentain que la Normandie lui célébra. Marcel Lelégard explique que la plus ancienne figuration      de l’écu rouge à léopards d’or apparaît sur le sceau équestre de Richard Coeur-de-Lion, duc de Normandie et roi d’Angleterre dans une charte du 18 mai 1198 (Château fort de Pirou, Orep      Edition, 2008). Les léopards y sont bien au nombre de trois. C’est à son retour de croisade que Richard Coeur-de-Lion adopte ce blason et ce sceau (le chiffre trois est très symbolique). A      sa mort, son frère, Jean Sans-Terre le garde sans modification, ainsi que son fils Henri III en 1216. Il faut noter toutefois que ces armes sont celles des ducs de Normandie à partir seulement      du XIIe siècle et non celles du duché de Normandie qui n’a jamais eu, à proprement parler, d’armes. Guillaume le Conquérant ne les a donc jamais connues. Quand Philippe Auguste rattache la      Normandie à la France en 1204, il ne lui donne pas de nouveau duc. C’est seulement en 1339 que Philippe de Valois, roi de France, désigne son fils Jean (Jean le Bon) duc de Normandie. Celui-ci      a pour armes les armes de la France avec une brisure rouge pour éviter la confusion avec celles de son père. Point de léopards ! Ceux-ci sont cependant toujours présents dans la Normandie      insulaire. Les sceaux de Jersey et Guernesey ont trois léopards depuis 1279.

C’est en 1426 que le duc de Bedford, régent du Royaume d’Angleterre, fixe pour l’Echiquier de Normandie un écu à deux Léopard surmonté d’une      fleurs de lys. De 1432 à 1436, ce duc fonde les diverses facultés qui constituent l’Université de Caen et leur accorde un sceau à deux léopards. Après la guerre de Cent Ans, Charles de France,      duc de Normandie, adopte les armes de l’Université de Caen. Son frère, le roi de France Louis XI, contre qui il s’était rebellé, l’oblige rapidement à renoncer à son duché et fait briser      l’anneau ducal à coups de marteau sur une enclume en pleine séance de l’Echiquier.

Ainsi, d’après Marcel Lelégard, les armes les plus anciennes et les plus vénérables, portées dès la fin du XIIe siècle par les ducs de Normandie      sont de gueules à trois léopards d’or et non de gueules à deux léopards d’or qui sont des armes imposées par l’occupant à la fin de la guerre de Cent Ans.

          
      
étendard normand
ORIGINES DU DRAPEAU NORMAND ET DES ARMOIRIES DE LA PROVINCE
FFM – Fédération Française Médiévale 

Article présenté par Michèle Jourdren, extrait de : Jacques MERLE du BOURG et Michèle JOURDREN-SAUTREL, Le Blason Familial (Supplément), Edition Cercle Généalogique Rouen Seine-Maritime, 2004.

Il est couramment admis que les armoiries de la Normandie se blasonnent : De gueules(1) à deux léopards d’or lampassés et armés d’azur(2). Pourtant, depuis plusieurs années, il est fréquent, lors des manifestations régionales, d’orner les mâts d’un drapeau rouge chargé d’une double croix jaune, décentrée vers la gauche à la façon des drapeaux scandinaves, et généralement appelée croix de saint Olaf.

L’ouvrage d’Alfred CANEL, Armorial des villes et corporations de la Normandie de 1863 ayant été récemment réimprimé par les Editions Page de Garde à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, il a paru intéressant de rappeler ici l’essentiel des hypothèses formulées sur cette question par l’érudit normand, pages 27 à 35 (Les Armoiries de la province), et surtout, pages 395 à 420 (Les Etendards de la Normandie et L’emploi de l’emblème du lion par les ducs de Normandie et les rois d’Angleterre) de son Armorial.

Selon Alfred CANEL, la couleur du champ des armoiries que se donna la province est empruntée à la bannière normande : « Le drapeau scandinave était rouge et le rouge s’était maintenu sur celui des hommes du Nord établis sur le bord de la Seine… Quant aux léopards…, ils viennent de l’emblème particulier adopté pour eux-mêmes par plusieurs de nos ducs, de l’emblème du lion qui, dans leur pensée, répondait à l’idée qu’ils s’étaient faite et qu’ils se plaisaient à répandre autour d’eux de leur irrésistible intrépidité dans les combats ».

On voit, par exemple, un lion sur le tombeau d’un fils du duc de Normandie Richard 1er et, en 1129, Geoffroi d’Anjou reçoit à Rouen, de son futur beau-père, Henri 1er, un riche bouclier chargé de lions d’or. « Ainsi, les lions furent un emblème très anciennement adopté par les princes normands, transmis par eux aux comtes d’Anjou, et par ces derniers aux rois d’Angleterre » précise A. CANEL.

On rappellera à ce propos, qu’en héraldique, le lion et le léopard sont un seul et même animal léoniforme(3), à cette double différence près que le léopard est un lion passant (et non rampant)(4) dont la tête fait face au spectateur (au lieu d’être représentée de profil).

Par ailleurs, le panache (ou « bouquet ») de la queue du léopard est tourné vers l’extérieur (et non retourné – normalement – vers l’intérieur, comme dans le cas du lion) ; la gueule est représentée ouverte, la langue pendante. Précisons, pour en terminer avec cette question, que lionné qualifie le léopard rampant, pourvu d’une queue de lion et, à l’inverse, léopardé s’applique au lion passant, pourvu d’une queue de léopard(5).

Après la réunion de la Normandie à la couronne de France, les deux léopards demeurèrent l’emblème de la province et continuèrent à faire concurrence aux fleurs de lys sur les sceaux d’importantes vicomtés (Caen, Bayeux, Falaise…), après s’être longtemps étalés sur les sceaux de l’échiquier provincial.

Lors des périodes troublées et jusqu’à la Ligue, l’étendard normand fut fréquemment arboré, peut-être en rappel des jours désormais lointains de l’indépendance. Il remplaça même les armes de France pendant les courtes périodes où un duc de sang royal fut momentanément donné à la province (ainsi avec Jean, fils aîné de Philippe de Valois, et Charles, frère de Louis XI).

Les Origines
Le ROUGE ne brillait pas seulement sur la bannière des Normands ; il orna longtemps leurs boucliers, comme ceux des Scandinaves. Pourtant, dans ses Observations sur la tapisserie de Bayeux, Hudson Gurney affirme que la bannière normande est invariablement « d’argent à une croix d’or dans une bordure d’azur », mais gardons-nous d’oublier que lors de la conquête de l’Angleterre, l’héraldique n’existait pas encore.

Pour leur part, les moines de l’abbaye Saint-Etienne de Caen qui devaient bien connaître la bannière de Normandie, la décrivent dans leurs manuscrits : De gueules à la bande échiquetée d’argent et d’azur de deux traits (au XIIIème siècle, semble-t-il).

Selon un historien des Croisades, lors d’une attaque d’infidèles survenue après la prise de Nicée, Robert, duc de Normandie, agite en l’air son « drapeau blanc brodé d’or ».

Pour Paulin Paris, au contraire, Les Manuscrits français de la Bibliothèque du roi montrent une miniature qui donne au duc Robert une bannière « d’or à deux fasces de gueules »(6).

La bannière normande aurait donc subi diverses transformations, surtout à partir de la seconde moitié du XIème siècle.

Mais les ducs normands, à côté de leur bannière principale, faisaient porter dans leurs armées un second étendard orné d’un « dragon » destiné à jeter la terreur dans les rangs ennemis. Ce type de monstre fabuleux, déjà connu des Romains, fut utilisé ultérieurement par des peuples aussi différents que les Byzantins, les Saxons ou les Flamands. Dans le cas des Normands, le corps du dragon était armé de pointes rouges et aiguës pour renforcer son aspect terrifiant.

A l’origine, un autre emblème, « le corbeau d’Odin », aurait également figuré comme seconde bannière dans les armées des ducs normands. Mais malgré, sans doute, quelques différences de forme, il fut rapidement désigné, lui aussi, sous le terme de « dragon » à cause de l’identité de sa fonction : effrayer l’adversaire !

Lors de la troisième croisade, le dragon normand était devenu celui de l’Angleterre, et d’après Du Cange, le dragon à tête d’or de Richard Cœur de Lion « fut terrible pour les païens pendant la croisade ».

Un dernier étendard normand est à citer : « le pavillon marchand ». Selon l’Encyclopédie méthodique, toujours citée par A. CANEL, ce pavillon était « mi-parti, bleu et blanc, c’est-à-dire composé de deux bandes horizontales, la plus élevée bleue et l’autre blanche »(7). Et A. CANEL de conclure : « Dans son état actuel, le pavillon de Normandie continue d’être bleu et blanc, mais ses couleurs ne sont plus distribuées de la même manière. Le blanc y dessine une croix au milieu et occupe également le tiers inférieur du champ ; le reste est bleu. Pour que le blanc du champ et celui du bas de la croix ne se confondent pas, ils sont séparés par un large trait bleu en retour d’équerre »(8).

Notes :
(1)  Nom héraldique de la couleur rouge.
(2) Lampassé et armé qualifient respectivement la langue et les griffes de l’animal lorsqu’elles sont d’une couleur particulière, différente du reste du corps.
(3) Pourvu d’une crinière.
(4) Un animal est dit passant quand il semble marcher, la patte antérieure droite levée ; rampant lorsqu’il est représenté debout, de profil, dressé sur la patte postérieure gauche, levant la patte antérieure droite.
(5) Dans ces deux derniers cas, seule la tête (de face pour le léopard, de profil pour le lion) permet de reconnaître l’animal.
(6) Les d’Harcourt, la plus ancienne famille normande, portent des couleurs exactement inversées : De gueules à deux fasces d’or.
(7) En héraldique, il semble plutôt qu’il s’agisse d’un « coupé » !
(8) Nos amis de la Commission Héraldique auront à cœur de blasonner ce pavillon dans les règles.